Les émotions peuvent être déconcertantes, surtout lorsque l’on apprend depuis l’enfance que les émotions négatives sont à éviter et qu’il faudrait privilégier les positives. Cette façon de voir amène à des stratégies d’évitement, qui à long terme :

• empêchent de gérer ses émotions de manière consciente, ce qui fait qu’elles peuvent ressurgir à tout moment de façon incontrôlée,
• conduisent à une incapacité à faire face aux situations génératrices d’émotions négatives,
• provoquent un effet paradoxal, car la poursuite du bonheur à tout prix est une quête sans fin qui crée de la frustration, et au final, du mal-être,
• ne permettent pas de développer l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à reconnaître ses émotions, les comprendre et se sentir autorisé à les exprimer.

Il est donc important d’apprendre à accueillir et reconnaître toutes ses émotions, y compris les négatives, à mettre des mots dessus et à les exprimer de façon constructive afin de mieux s’adapter aux situations de la vie et construire des relations plus saines.

Voici quelques conseils et métaphores pour mieux appréhender ses émotions.

Validez les émotions douloureuses au lieu d’essayer de les résoudre

Les émotions ne sont pas des problèmes à résoudre ou à éliminer. Elles servent de signaux, tout comme la douleur que vous ressentez en touchant une plaque chauffante vous indique qu’il y a là un danger. Reconnaissez et acceptez vos émotions, en comprenant qu’elles essaient de vous aider, même si elles sont parfois mal orientées.

La validation émotionnelle est un aspect essentiel pour la régulation des émotions, car elle nous permet de traiter et d’intégrer nos expériences émotionnelles. Tenter de changer ses émotions peut conduire à leur évitement et aggraver la détresse psychologique. L’intelligence émotionnelle consiste au contraire à savoir accueillir toute émotion.

Prêtez attention à vos émotions, mais ne les suivez pas aveuglément

Les émotions peuvent être utiles, mais elles ne sont pas toujours fiables. Par exemple, la peur peut vous protéger du danger, mais elle peut également vous empêcher de saisir de nouvelles opportunités. La colère peut alimenter votre combat contre les injustices, mais elle peut aussi conduire à des actions impulsives et nuisibles. Au lieu de suivre aveuglément vos émotions, demandez-vous si elles sont en accord avec vos valeurs et évaluez-les au cas par cas.

Les émotions agissent comme des signaux qui orientent notre comportement, mais elles peuvent être influencées par des biais cognitifs et des expériences passées. Il est donc essentiel d’évaluer de manière critique la validité de nos réponses émotionnelles.

On valide l’émotion pour l’écouter, mais on reste maître de ce qu’on fait de cette émotion.

Nommez vos émotions pour les apprivoiser

Lorsque vous ressentez une émotion, nommez-la clairement. S’agit-il de peur, de colère, de frustration ? Ceci peut vous aider à vous sentir plus à l’aise avec vos émotions, à les apprivoiser plutôt qu’en avoir peur.

Utiliser un langage simple pour décrire les émotions peut faciliter leur traitement émotionnel et nous aider à mieux comprendre nos ressentis. Il s’agit de remettre de la conscience et de mieux pouvoir exprimer ses émotions.

Abordez vos émotions avec curiosité, pas en les combattant

La peur des émotions conduit souvent à les percevoir comme une menace. Remplacez cette peur par de la curiosité ! Vous pouvez par exemple vous poser des questions sur l’origine ou la signification de l’émotion qui apparaît à un moment donné. Quels éléments ont contribué à ce qu’elle se déclenche ? Quelle partie blessée à l’intérieur essaye de faire entendre sa voix à travers cette émotion ? Ce changement de perspective peut vous aider à développer une relation plus positive avec vos émotions.

La curiosité est un élément clé de la flexibilité psychologique, qui consiste à s’adapter aux circonstances changeantes et à supporter l’inconfort émotionnel. Cultiver la curiosité à l’égard de nos émotions peut aider à développer des comportements plus en accord avec la réalité de la situation.

Ne jugez pas vos émotions

Évitez de juger vos émotions ou de vous culpabiliser. Les émotions ne sont intrinsèquement ni bonnes ni mauvaises, et vous n’êtes pas une personne mauvaises parce que vous ressentez, par exemple, de la colère. Considérez vos émotions comme des processus qui ont une utilité, même s’ils peuvent parfois dysfonctionner.

Les émotions font partie de notre héritage évolutif, elles nous aident à naviguer dans des environnements sociaux complexes et à prendre rapidement des décisions. Qualifier les émotions de bonnes ou mauvaises sur le plan moral peut conduire à une suppression émotionnelle, ce qui a été lié à divers problèmes psychologiques.

Ne prenez pas vos émotions trop au sérieux

Les émotions font partie intégrante de l’expérience humaine, dans toute leur ambigüité. En effet, elles peuvent être à la fois utiles et trompeuses, parfois même ridicules. Alors soyons plus détendus par rapport aux émotions, apprenons à reconnaître qu’elles ne sont qu’un aspect de l’expérience humaine. Bien qu’il soit essentiel de les comprendre et de les respecter, il est parfois bon d’en rire de temps en temps.

Adopter une attitude non critique et détendue envers les émotions peut réduire la réactivité émotionnelle et favoriser le bien-être psychologique. C’est une façon de voir qui rejoint les approches basées sur la pleine conscience, qui mettent l’accent sur l’importance d’accepter et d’observer les émotions sans jugement.